Saintélyon 2015 (72 km)

Avant la course, il y a le voyage jusqu'à Lyon puis Saint-Etienne et c'est déjà en soit tout un programme !
Départ de la gare de Nantes le samedi à 10 heures du matin, direction Gare de Lyon Part-Dieu avec un changement à Paris.
Arrivée à Lyon à 16 heures un peu "vanné", je n'ai pas vraiment réussi à dormir !
Il y a beaucoup de coureurs dans la gare, certains sont déjà en tenue prêts à en découdre.
Je file directement dans le métro pour me rendre à la hall Tony Garnier là où je dois retirer mon dossard.
A la sortie du métro je me contente de suivre un flot de coureurs, à priori nous allons au même endroit.
J'arrive enfin devant l'entrée de la hall Tony Garnier ou plutôt devant une file d'attente assez impressionnante, vu la queue je ne suis pas prêt de rentrer.
Les organisateurs avaient prévenus que suite aux attentats de Paris chaque personne serait fouillée, donc inévitablement ça bouchonne !
La file avance quand même assez vite et mon tour arrive enfin.
Après une fouille au corps et un rapide coup d'œil dans mon sac j'entre enfin dans la hall !
Avant d'arriver au retrait des dossards il faut encore traverser tous les stands des différents exposants.
Je récupère mon dossard assez facilement (le 6937) ainsi que le cadeau de bienvenue (un bonnet) et je ressors sans perdre de temps puisqu'il faut encore trouver une navette pour se rendre à Saint-Etienne.
Il faut encore faire la queue pour acheter le ticket pour la navette (13 euros).
17 heures, je suis enfin assis dans le car et mon sac est chargé en soute, ouf, un peu de repos !
17 heures 30 nous partons direction Saint-Etienne, il fait nuit.
Les places dans le bus sont plutôt serrées, les genoux sont coincés contre le fauteuil du devant et heureusement pour moi je ne suis pas trop large d'épaules.
En chemin j'échange quelques impressions avec mon voisin et ma voisine, cette course est une première pour nous trois mais chacun à notre manière nous avons préparé ce rendez vous et nous comptons bien allez jusqu'au bout !
Je me suis fixé comme objectif, moins de 10 heures, je pense que c’est réalisable.
Nous arrivons au parc des expos de Saint-Etienne vers 18h30, le temps de récupérer nos bagages et nous sommes fouillés une nouvelle fois à l'entrée de la zone.
J'arrive devant le hall principal, pas mal de coureurs sont déjà arrivés et patientent dans les gradins, au moins ils sont au chaud.
Un vigil nous renvoie vers une autre salle pour nous changer, c’est déjà moins accueillant, c'est un grand bâtiment haut de plafond, sans chaises ni gradins ni sanitaires et c'est ici que nous devons nous changer !!!
Ni une ni deux je repars vers la première salle et cette fois le vigile se montre moins agréable et me dit de ne pas insister et que je ne rentrerai pas ici !
Je me résous à me changer par terre en me cachant comme je peux avec une serviette, tout le monde est dans la même situation, un peu surpris par cet endroit où l'on nous a gentiment "parqués"! Il y fait froid, je ne pourrais pas attendre ici pendant 5 heures !
19h je mange ma portion de riz, un bio cake et je repars illico à la charge, bien décidé à rentrer dans l'autre salle et cette fois ça marche il me laisse passer, allez savoir pourquoi, juste parce que je suis en tenue !
Bref, ici il fait chaud l'ambiance est tout autre, il y a un peu de musique, des toilettes, et surtout des gradins où je vais rapidement me trouver une place pour attendre minuit, il me reste encore un peu plus de 4 heures à patienter.
L'endroit se rempli tout doucement et atteint son maximum vers 23h, heure à laquelle je vais poser mon sac dans un des camions qui repartira à Lyon, j'espère que je retrouverais toutes mes affaires à l'arrivée.
23h30 je me décide à quitter mon petit coin "douillet" pour me rendre sur la ligne de départ, cette fois c'est l'heure, mon corps commençait à s'endormir et les premières sensations à la sortie de la salle ne sont pas très agréables, j'étais bien au chaud, mais je ne suis pas venu jusqu'ici pour pioncer !
J'ai opté pour une tenue assez légère: j'ai une première couche technique à manches courtes et j'ai rajouté des manchons pour me couvrir les bras, j'ai mis une seconde couche chaude à manches longues, des gants, un short long 2 en 1 (au dessus des genoux) et des bas de compression. J'ai un sac Raidlight Olmo 12l, mais je n'ai pas pris de poche à eau, je me contente de prendre une gourde de 750 ml que je rechargerai en boisson isotonique et une bouteille de 500ml que je garderai à la main. J'ai chaussé mes Adidas Raven 3, mes Brooks Cascadia étant usées prématurément ! Et pour finir j'ai un Buff en guise de bonnet.
Les prévisions météos sont clémentes, pas de pluie, les chemins sont secs et à priori le thermomètre ne devrait pas descendre en dessous de 5 ou 6 degrés. Ma veste coupe vent est et restera dans mon sac jusqu'à la fin de la course.
Il y a déjà du monde sur la ligne de départ mais je ne suis quand même pas trop mal placé.
Le DJ nous passe des morceaux de musique très rythmés histoire de nous mettre en mouvements pour entrer dans l'ambiance et se réchauffer.
Puis le speaker dira quelques mots en hommage aux victimes des attentats de Paris, pendant cet instant il est demandé à tous les coureurs d'allumer les lampes frontales et d'applaudir, c'est assez émouvant et en même temps ça fait monter la pression, le départ est dans quelques minutes.
Les élites qui s'échauffent sur la route devant la ligne de départ sont encouragées à revenir et se mettre en place.
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 C'EST PARTI !!!
Il est 00h00 pile, je déclencherai mon chrono quand je franchirai la ligne de départ, ce que je fais environ 1mn30 après les premiers.
Ca court, puis ça marche, puis ça repars et après avoir fait l'accordéon 2 ou 3 fois je peux courir presque à mon aise, en slalomant quand même pour doubler si je ne veux pas perdre de temps sur cette portion.
Le début est en légère descente, il y a du monde pour nous encourager, c'est très grisant, attention de ne pas courir trop vite !
La première difficulté apparait vers le 6ième kilomètres, nous sommes toujours sur le bitume mais il y a une belle côte d'environ 4 km, ça parle déjà beaucoup moins, les respirations sont plus fortes et surtout ça ralenti, pour ma part je garde mon rythme, je me sens très à l'aise, sans pour autant me mettre dans le rouge, tout va bien.
Vers le 7ième kilomètres nous trouvons le premier chemin et l'obscurité, enfin le trail commence, il est temps d'allumer la frontale !
J'entends "hé, regardez derrière ...", effectivement le spectacle est magnifique, une guirlande de lampe frontale se dessine derrière nous, certains s'arrêtent pour faire des photos.
A partir de ce moment, le parcours sera alterné de grosses côtes caillouteuses (certains se plaindront plus tard de la présence des cailloux !) dans les lesquels je marcherai le plus souvent, suivi d'une portion de plat large et assez roulante (certaine fois en plein vent) où l'on peut doubler (ou se faire doubler), puis une belle descente technique dans un goulet où le moindre manque de concentration peut vous envoyer dans le décor et enfin une portion de route pour relancer (quelques fois en côte) si les jambes n'ont pas trop été cassées par la descente, le tout jalonné par 5 ravitaillements, voici à peu près le parcours de la Saintélyon.
Mais je ne parle pas du final ...
J'arrive au 1er ravito (Saint Christo en Jarrez) à 1h30, pour 15 kilomètres c'est une bonne moyenne, je me sens toujours bien et comme prévu je le zappe.
Je suis parti avec une bouteille à la main, je la jette dans une poubelle au passage et continu ma route vers le 2ième ravito qui sera placé km 28. A noter que je n'ai pas bu toute ma bouteille en 15 km, donc la stratégie d'un bidon de 750 ml est parfaite.
J'arrive sans encombre à Sainte Catherine (28km) à 2h58, relativement toujours en forme, un peu attaqué par les kilomètres mais c'est normal.
Cette fois je m'arrête pour refaire le plein de mon bidon en boisson isotonique (j'ai des sachets il ne me faut que de l'eau) et manger un morceau de banane. Je repars sans perdre de temps, je n'aime pas ces ravitos bruyants ou il faut se battre pour attraper un verre de coca, mais la Saintélyon c'est aussi ça, c'est course très populaire et il y a beaucoup de monde, il faut faire avec !
Juste avant de sortir, je remarque un stand Petzel avec des boites de récupération des piles usagées, ma lampe fonctionne toujours, donc pas de problème pour moi !
Prochain arrêt dans 12 km.
C’est après 2 ou 3 kilomètres après le ravito que je prends conscience que ma lampe n'éclaire plus si bien que ça, quel con j'aurais pu remplacer les piles tranquillement tout à l'heure sous le chapiteau, au  lieu de ça je vais devoir faire cette manip en pleine nuit !!!
Et puis j'ai parcouru à peu près 20 kilomètres avec ma lampe (au départ je ne l'ai pas allumée) et je n'ai qu'un seul jeu de pile de rechange, il va falloir jouer l'économie !
Sur le bord d'un chemin j'aperçois un spectateur avec une lampe électrique, je lui demande de m'éclairer le temps que je change les batteries, mais je ne suis plus très habile, j'ai un peu froid, si bien qu'il fera le boulot à ma place très gentiment ! Encore merci !
Et je repars, à partir de ce moment, j'éteindrai la lumière dans chaque montée ou je marcherais ainsi qu'à chaque portion un peu éclairée.
Je commence à sentir un gros coup de pompe, il y a la fatigue des kilomètres mais aussi et surtout une soudaine envie de dormir dans un lit bien chaud ! La traditionnelle question "mais qu’est-ce que je fous là ..." arrive inévitablement !
Je prends un gel et je continu mon chemin, tous les ravitos sont espacés de 12 km environ, maintenant chaque étape sera une nouvelle course, je me dirai à chaque fois "allez plus que 12 km".
J'arrive au ravitaillement (à Saint Genou) du 40ième km à 4h47, il y a toujours beaucoup de monde, je refais le plein en eau, je mange deux ou trois morceaux de banane et je repars, je ne m'attarde jamais aux ravitos, c'est du temps de perdu puisqu'on ne s'y repose pas et plus vite parti, plus vite arrivé !
J'ai fait plus de la moitié du parcours, ça c'est bon pour le moral, mais j'ai toujours envie de dormir, j'ai hâte que le soleil se lève ...
Le manque de lucidité fait que je n'ai pas beaucoup de souvenirs jusqu'au prochain arrêt au 51ième km, j’ai peut être dormi en courant...
J'arrive à Soucie en Jarrest à 6h16, cette fois beaucoup de coureurs sont assis, certains sont là pour faire une grosse pause d'autres ne repartiront pas ! Même rituel, recharge en eau et poudre isotonique, quelques bananes et c'est reparti, il ne reste plus qu'un semi marathon avant l'arrivée, FACILE !
Vers 7h30 nous commençons à voir les lueurs du soleil, dans 30 minutes nous pourrons se passer de lumière, mon esprit se réveil peu à peu, je reprends doucement dans la course un peu comme si je venais de faire un rêve !
J'arrive au dernier ravito (Chaponost) au 62ième kilomètres à 7h40, il fait jour, je fais un passage éclair juste le temps de remettre de l'eau dans mon bidon, il ne reste que 10 km inutile de trainer ici.
Je commence à prendre conscience du chrono, je peux encore largement arriver avant 9h, moi qui était parti pour faire moins de 10h c'est génial, ça me remet un coup de boost ! (pas longtemps en fait)
Ces 10 derniers seront interminables, la fatigue, marre de courir, impatient d'en finir, mais tout le monde le sait, avant la fin il y a cette fameuse côte de Sainte-Foy vers le 65ième kilomètres.
On prend 100m de dénivelé en à peine 500 m de route, sur le papier ça n'a pas l'air si terrible, mais à ce moment de la course, c'est dur ...
En haut de la côte, des spectateurs nous disent "allez c'est la dernière ..." mais 1 kilomètres plus loin on se retape une belle patate dans un parc, le moral est à zéro, on arrivera jamais ! Je dis "on" parce que c'est vraiment l'état d'esprit du petit groupe dans lequel je cours.
L'arrivée avant 9h est encore possible mais ça va être chaud !!!
Nous traversons la Saône, allez plus qu'un petit kilomètres, un sourire pour les photographes officiels, puis nous traversons le Rhône.
Plus que 200 m, j'entre dans la hall Tony Garnier, un tapis bleu nous guide jusqu'à l'arche d'arrivée que je franchis à 9h00, 8h58 à mon chrono !!! YES !!!
Je suis 1369ième sur 5324 arrivants sur le solo.
Un repas, une douche et une bonne nuit, ainsi se termine ma saison 2015.