Avant la course, il y a le voyage jusqu'à Lyon puis Saint-Etienne et c'est déjà en soit tout un programme !
Départ de la gare de Nantes le samedi à 10 heures du matin,
direction Gare de Lyon Part-Dieu avec un changement à Paris.
Arrivée à Lyon à 16 heures un peu "vanné", je n'ai
pas vraiment réussi à dormir !
Il y a beaucoup de coureurs dans la gare, certains sont déjà
en tenue prêts à en découdre.
Je file directement dans le métro pour me rendre à la hall
Tony Garnier là où je dois retirer mon dossard.
A la sortie du métro je me contente de suivre un flot de
coureurs, à priori nous allons au même endroit.
J'arrive enfin devant l'entrée de la hall Tony Garnier ou
plutôt devant une file d'attente assez impressionnante, vu la queue je ne suis
pas prêt de rentrer.
Les organisateurs avaient prévenus que suite aux attentats
de Paris chaque personne serait fouillée, donc inévitablement ça bouchonne !
La file avance quand même assez vite et mon tour arrive
enfin.
Après une fouille au corps et un rapide coup d'œil dans mon
sac j'entre enfin dans la hall !
Avant d'arriver au retrait des dossards il faut encore
traverser tous les stands des différents exposants.
Je récupère mon dossard assez facilement (le 6937) ainsi que
le cadeau de bienvenue (un bonnet) et je ressors sans perdre de temps puisqu'il
faut encore trouver une navette pour se rendre à Saint-Etienne.
Il faut encore faire la queue pour acheter le ticket pour la
navette (13 euros).
17 heures, je suis enfin assis dans le car et mon sac est
chargé en soute, ouf, un peu de repos !
17 heures 30 nous partons direction Saint-Etienne, il fait
nuit.
Les places dans le bus sont plutôt serrées, les genoux sont
coincés contre le fauteuil du devant et heureusement pour moi je ne suis pas
trop large d'épaules.
En chemin j'échange quelques impressions avec mon voisin et
ma voisine, cette course est une première pour nous trois mais chacun à notre
manière nous avons préparé ce rendez vous et nous comptons bien allez jusqu'au
bout !
Je me suis fixé comme objectif, moins de 10 heures, je pense
que c’est réalisable.
Nous arrivons au parc des expos de Saint-Etienne vers 18h30,
le temps de récupérer nos bagages et nous sommes fouillés une nouvelle fois à
l'entrée de la zone.
J'arrive devant le hall principal, pas mal de coureurs sont
déjà arrivés et patientent dans les gradins, au moins ils sont au chaud.
Un vigil nous renvoie vers une autre salle pour nous
changer, c’est déjà moins accueillant, c'est un grand bâtiment haut de plafond,
sans chaises ni gradins ni sanitaires et c'est ici que nous devons nous changer
!!!
Ni une ni deux je repars vers la première salle et cette
fois le vigile se montre moins agréable et me dit de ne pas insister et que je
ne rentrerai pas ici !
Je me résous à me changer par terre en me cachant comme je
peux avec une serviette, tout le monde est dans la même situation, un peu
surpris par cet endroit où l'on nous a gentiment "parqués"! Il y fait
froid, je ne pourrais pas attendre ici pendant 5 heures !
19h je mange ma portion de riz, un bio cake et je repars
illico à la charge, bien décidé à rentrer dans l'autre salle et cette fois ça
marche il me laisse passer, allez savoir pourquoi, juste parce que je suis en
tenue !
Bref, ici il fait chaud l'ambiance est tout autre, il y a un
peu de musique, des toilettes, et surtout des gradins où je vais rapidement me
trouver une place pour attendre minuit, il me reste encore un peu plus de 4
heures à patienter.
L'endroit se rempli tout doucement et atteint son maximum
vers 23h, heure à laquelle je vais poser mon sac dans un des camions qui
repartira à Lyon, j'espère que je retrouverais toutes mes affaires à l'arrivée.
23h30 je me décide à quitter mon petit coin
"douillet" pour me rendre sur la ligne de départ, cette fois c'est
l'heure, mon corps commençait à s'endormir et les premières sensations à la sortie
de la salle ne sont pas très agréables, j'étais bien au chaud, mais je ne suis
pas venu jusqu'ici pour pioncer !
J'ai opté pour une tenue assez légère: j'ai une première
couche technique à manches courtes et j'ai rajouté des manchons pour me couvrir
les bras, j'ai mis une seconde couche chaude à manches longues, des gants, un
short long 2 en 1 (au dessus des genoux) et des bas de compression. J'ai un sac Raidlight Olmo 12l, mais je n'ai pas pris de poche à eau, je me contente de
prendre une gourde de 750 ml que je rechargerai en boisson isotonique et une
bouteille de 500ml que je garderai à la main. J'ai chaussé mes Adidas Raven 3,
mes Brooks Cascadia étant usées prématurément ! Et pour finir j'ai un Buff en
guise de bonnet.
Les prévisions météos sont clémentes, pas de pluie, les
chemins sont secs et à priori le thermomètre ne devrait pas descendre en
dessous de 5 ou 6 degrés. Ma veste coupe vent est et restera dans mon sac
jusqu'à la fin de la course.
Il y a déjà du monde sur la ligne de départ mais je ne suis
quand même pas trop mal placé.
Le DJ nous passe des morceaux de musique très rythmés
histoire de nous mettre en mouvements pour entrer dans l'ambiance et se
réchauffer.
Puis le speaker dira quelques mots en hommage aux victimes
des attentats de Paris, pendant cet instant il est demandé à tous les coureurs
d'allumer les lampes frontales et d'applaudir, c'est assez émouvant et en même
temps ça fait monter la pression, le départ est dans quelques minutes.
Les élites qui s'échauffent sur la route devant la ligne de
départ sont encouragées à revenir et se mettre en place.
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 C'EST PARTI !!!
Il est 00h00 pile, je déclencherai mon chrono quand je
franchirai la ligne de départ, ce que je fais environ 1mn30 après les premiers.
Ca court, puis ça marche, puis ça repars et après avoir fait
l'accordéon 2 ou 3 fois je peux courir presque à mon aise, en slalomant quand
même pour doubler si je ne veux pas perdre de temps sur cette portion.
Le début est en légère descente, il y a du monde pour nous
encourager, c'est très grisant, attention de ne pas courir trop vite !
La première difficulté apparait vers le 6ième kilomètres,
nous sommes toujours sur le bitume mais il y a une belle côte d'environ 4 km,
ça parle déjà beaucoup moins, les respirations sont plus fortes et surtout ça
ralenti, pour ma part je garde mon rythme, je me sens très à l'aise, sans pour
autant me mettre dans le rouge, tout va bien.
Vers le 7ième kilomètres nous trouvons le premier chemin et
l'obscurité, enfin le trail commence, il est temps d'allumer la frontale !
J'entends "hé, regardez derrière ...",
effectivement le spectacle est magnifique, une guirlande de lampe frontale se
dessine derrière nous, certains s'arrêtent pour faire des photos.
A partir de ce moment, le parcours sera alterné de grosses
côtes caillouteuses (certains se plaindront plus tard de la présence des
cailloux !) dans les lesquels je marcherai le plus souvent, suivi d'une portion
de plat large et assez roulante (certaine fois en plein vent) où l'on peut
doubler (ou se faire doubler), puis une belle descente technique dans un goulet
où le moindre manque de concentration peut vous envoyer dans le décor et enfin
une portion de route pour relancer (quelques fois en côte) si les jambes n'ont
pas trop été cassées par la descente, le tout jalonné par 5 ravitaillements,
voici à peu près le parcours de la Saintélyon.
Mais je ne parle pas du final ...
J'arrive au 1er ravito (Saint Christo en Jarrez) à 1h30,
pour 15 kilomètres c'est une bonne moyenne, je me sens toujours bien et comme
prévu je le zappe.
Je suis parti avec une bouteille à la main, je la jette dans
une poubelle au passage et continu ma route vers le 2ième ravito qui sera placé
km 28. A noter que je n'ai pas bu toute ma bouteille en 15 km, donc la
stratégie d'un bidon de 750 ml est parfaite.
J'arrive sans encombre à Sainte Catherine (28km) à 2h58,
relativement toujours en forme, un peu attaqué par les kilomètres mais c'est
normal.
Cette fois je m'arrête pour refaire le plein de mon bidon en
boisson isotonique (j'ai des sachets il ne me faut que de l'eau) et manger un
morceau de banane. Je repars sans perdre de temps, je n'aime pas ces ravitos
bruyants ou il faut se battre pour attraper un verre de coca, mais la Saintélyon
c'est aussi ça, c'est course très populaire et il y a beaucoup de monde, il
faut faire avec !
Juste avant de sortir, je remarque un stand Petzel avec des
boites de récupération des piles usagées, ma lampe fonctionne toujours, donc
pas de problème pour moi !
Prochain arrêt dans 12 km.
C’est après 2 ou 3 kilomètres après le ravito que je prends
conscience que ma lampe n'éclaire plus si bien que ça, quel con j'aurais pu
remplacer les piles tranquillement tout à l'heure sous le chapiteau, au lieu de ça je vais devoir faire cette manip
en pleine nuit !!!
Et puis j'ai parcouru à peu près 20 kilomètres avec ma lampe
(au départ je ne l'ai pas allumée) et je n'ai qu'un seul jeu de pile de
rechange, il va falloir jouer l'économie !
Sur le bord d'un chemin j'aperçois un spectateur avec une
lampe électrique, je lui demande de m'éclairer le temps que je change les
batteries, mais je ne suis plus très habile, j'ai un peu froid, si bien qu'il
fera le boulot à ma place très gentiment ! Encore merci !
Et je repars, à partir de ce moment, j'éteindrai la lumière
dans chaque montée ou je marcherais ainsi qu'à chaque portion un peu éclairée.
Je commence à sentir un gros coup de pompe, il y a la
fatigue des kilomètres mais aussi et surtout une soudaine envie de dormir dans
un lit bien chaud ! La traditionnelle question "mais qu’est-ce que je fous
là ..." arrive inévitablement !
Je prends un gel et je continu mon chemin, tous les ravitos
sont espacés de 12 km environ, maintenant chaque étape sera une nouvelle course,
je me dirai à chaque fois "allez plus que 12 km".
J'arrive au ravitaillement (à Saint Genou) du 40ième km à
4h47, il y a toujours beaucoup de monde, je refais le plein en eau, je mange
deux ou trois morceaux de banane et je repars, je ne m'attarde jamais aux
ravitos, c'est du temps de perdu puisqu'on ne s'y repose pas et plus vite
parti, plus vite arrivé !
J'ai fait plus de la moitié du parcours, ça c'est bon pour
le moral, mais j'ai toujours envie de dormir, j'ai hâte que le soleil se lève
...
Le manque de lucidité fait que je n'ai pas beaucoup de
souvenirs jusqu'au prochain arrêt au 51ième km, j’ai peut être dormi en
courant...
J'arrive à Soucie en Jarrest à 6h16, cette fois beaucoup de
coureurs sont assis, certains sont là pour faire une grosse pause d'autres ne
repartiront pas ! Même rituel, recharge en eau et poudre isotonique, quelques
bananes et c'est reparti, il ne reste plus qu'un semi marathon avant l'arrivée,
FACILE !
Vers 7h30 nous commençons à voir les lueurs du soleil, dans
30 minutes nous pourrons se passer de lumière, mon esprit se réveil peu à peu,
je reprends doucement dans la course un peu comme si je venais de faire un rêve
!
J'arrive au dernier ravito (Chaponost) au 62ième kilomètres
à 7h40, il fait jour, je fais un passage éclair juste le temps de remettre de
l'eau dans mon bidon, il ne reste que 10 km inutile de trainer ici.
Je commence à prendre conscience du chrono, je peux encore
largement arriver avant 9h, moi qui était parti pour faire moins de 10h c'est
génial, ça me remet un coup de boost ! (pas longtemps en fait)
Ces 10 derniers seront interminables, la fatigue, marre de
courir, impatient d'en finir, mais tout le monde le sait, avant la fin il y a
cette fameuse côte de Sainte-Foy vers le 65ième kilomètres.
On prend 100m de dénivelé en à peine 500 m de route, sur le
papier ça n'a pas l'air si terrible, mais à ce moment de la course, c'est dur
...
En haut de la côte, des spectateurs nous disent "allez
c'est la dernière ..." mais 1 kilomètres plus loin on se retape une belle
patate dans un parc, le moral est à zéro, on arrivera jamais ! Je dis
"on" parce que c'est vraiment l'état d'esprit du petit groupe dans
lequel je cours.
L'arrivée avant 9h est encore possible mais ça va être chaud
!!!
Nous traversons la Saône, allez plus qu'un petit kilomètres,
un sourire pour les photographes officiels, puis nous traversons le Rhône.
Plus que 200 m, j'entre dans la hall Tony Garnier, un tapis
bleu nous guide jusqu'à l'arche d'arrivée que je franchis à 9h00, 8h58 à mon
chrono !!! YES !!!
Je suis 1369ième sur 5324 arrivants sur le solo.
Un repas, une douche et une bonne nuit, ainsi se termine ma
saison 2015.