Ile d'Yeu, le 15 juin 2013
Pour la 2ème édition j'avais fait un temps de 4h16, mais la
distance était plus proche de 42km au lieu des 45 annoncés.
A la 3ème édition j'ai dû abandonner au 23ème km, la faute à
une mauvaise préparation, cette année je suis bien décidé à finir ce trail
coute que coute !
Ayant participé au marathon de Nantes le 21 avril dernier,
j'ai eu peu de temps pour préparer l'ile d'Yeu, d'autant qu'il y a deux
semaines je me suis fait une petite élongation à un mollet, pendant ces 15
jours mon entrainement a été réduit à quelques séances de vélo d'appartement ! Décidément
cette course est maudite pour moi !
Bref ce matin je suis bel et bien à l'ile d'Yeu, pas de
bobos à signaler, a priori tout va bien !
J'ai opté pour mes Boston 3, le parcours sera sec et composé
essentiellement de chemin, les chaussures de trail ne sont donc pas
indispensables.
Pour les ravitaillements, ce sera 1 litre de boisson à base
de maltodextrine dans mon camelbak et 4 gels achetés en urgence. (J’ai oublié
ma mixture bio à la maison !!)
Comme les années précédentes le rendez-vous est donné au
stade à 9h30 pour recevoir les consignes, puis les départs se feront sur le
port à 10h30 pour le 13km, 10h40 pour le 45km et enfin 10h50 pour le 23km.
Cette année ils ont
la chance d'accueillir parmi les coureurs le champion du monde de trail
2011-2012 Erik Clavery.
Enfin je suis sur la ligne de départ, le 13 km est déjà
parti, dans quelques minutes ce sera à notre tour de nous élancer pour un
magnifique parcours de 45 bornes.
Le champion n'est pas sur la ligne, curieusement en me
mettant sur la pointe des pieds je le vois patienter tout au fond derrière tout
le monde, c'est le monde à l'envers, moi petit amateur je suis sur la ligne et
le champion est en queue de peloton ! C'est à
croire que nous nous sommes trompés sur le sens de la course !
5, 4, 3, 2, 1 et c'est parti, je me retrouve en tête avec
d'autres coureurs certainement bien meilleurs que moi, mais personne n'ose
s'échapper, c'est la première fois que ça m'arrive, pour une fois je n'ai
personne devant moi, c'est une sensation agréable même si je sais que ça ne
durera pas, je regarde ma montre nous sommes à 15 km/h, bien trop rapide pour
moi ! Au passage je fais un petit coucou à ma femme et ma fille.
Au bout de 200 mètres Erik Clavery nous dépasse sur la
gauche comme une flèche, tout le monde est scotché et personne n'ose le suivre,
bye bye.
Il est temps pour moi de reprendre mon allure, c'est-à-dire
à peu près 12km/h. Nous passons par le port de plaisance et nous nous engageons
déjà sur la plage de Ker Chalon, je sais que nous avons environ 5 km de plage
donc il vaut mieux être prudent et en garder sous le coude. Les ouvreurs en vtt
et le champion ne sont déjà que des silhouettes sur la plage.
Nous quittons rapidement la plage pour courir sur un chemin
plat à l’abri du vent, il fait chaud et nous courons déjà en cherchant l'ombre.
Au 4ème km nous entrons sur la plage de la Raie profonde et
nous ne quitterons pratiquement plus le sable jusqu'à la pointe des corbeaux,
c'est une portion d'un peu plus de 3km qu'il faut passer avec prudence, je
m'efforce de ralentir l'allure pour ne pas y laisser trop d'énergie, les
foulées sont plus lourdes, les chaussure s'enfoncent à chaque fois un peu dans
le sable et les appuis sont fuyant.
Nous quittons enfin la plage vers le 7ème km, ça c'est fait
! Nous faisons demi tour à la pointe des corbeaux et entamons la côte sauvage
par une légère bosse et comme je l'avais prévu nous avons le vent de face. Il y
a quelques spectateurs, les encouragements font du bien. Direction la plage des
Vieilles pour le 1er ravitaillement vers le 10ème km où m'attend ma petite
famille.
Cà fait du bien de retrouver du chemin et des appuis solides
!
Nous arrivons rapidement sur la plage des Vieilles, j'en
suis à 50 mn de courses (12 km/h) je suis en forme tout va bien.
Comme prévu je retrouve ma femme et ma fille, j'en profite
pour m'arrêter quelques secondes pour prendre un gel et je reprends la course.
Nous devons traverser la plage, environ 300 mètres pour atteindre le ravito
officiel auquel je ne m'arrête pas. La sortie se fait par la cale à bateaux et
c'est parti pour environ 13 km de chemin, au passage je refais un coucou à mes
chéries, je les reverrai au même endroit dans un peu plus d'une heure.
Cette portion est longue et monotone ! Les chemins sont à l’abri
du vent, mais malgré tout ensoleillé, c'est assez étouffant. Pour le paysage il
n'y a pas grand chose à voir, de la haute végétation de chaque côté.
Heureusement sur cette portion je suis rejoint par deux
coureurs qui me proposent de faire un peu de chemin en leur compagnie, ce n'est
pas de refus.
L'un d'entre eux, un VH2, a couru l'édition précédente en
4h06 (pas mal!) et le second au fil de la discussion m'apprend qu'il détient le
record de Loire atlantique sur marathon en 2h22 et lui est VH3, plus moi qui
suis VH1 nous formons un beau trio.
Rapidement je me rends compte qu'ils ont un rythme légèrement
supérieur au mien, je dois faire attention de ne pas me griller !
Vers le 15ème nous sommes rattrapés par la 1ere féminine et
son escorte boys, puis lentement nous les perdons de vue.
Vers le 19ème km j'entends: "hé Franck c'est toi
?", je suis rejoint par Sébastien, caméra à la main, l'organisation lui a
demandé de filmer la course de l'intérieur. Il a l'air plutôt frais !
Nous formons maintenant un groupe de 4 coureurs, moi,
Sébastien, VH2 et VH3. Nous resterons ensemble jusqu'à la plage des Vieilles.
Sur cette portion il y a quelques passages boueux comme l'avait annoncée l'organisation mais rien de bien méchant.
Nous voici enfin arrivés au 2ème ravito, j'y retrouve de nouveau mon fan club et je prends le temps de bien me ravitailler avant de repartir sur la côte sauvage, cet arrêt me coute de perdre de vue mes copains de course.
Sur cette portion il y a quelques passages boueux comme l'avait annoncée l'organisation mais rien de bien méchant.
Nous voici enfin arrivés au 2ème ravito, j'y retrouve de nouveau mon fan club et je prends le temps de bien me ravitailler avant de repartir sur la côte sauvage, cet arrêt me coute de perdre de vue mes copains de course.
Je suis à un peu plus de 2 heures de courses et presque 24
km, je sais que le plus dur reste à venir, il ne faut pas se relâcher
maintenant.
Rendez-vous sur la plage des Sabias pour le prochain
ravitaillement vers le km 33, c'est parti !
Pour commencer il faut monter le chemin des Vieilles pour
ensuite bifurquer vers le port des Vieilles, je termine la côte en marchant, ce
n’est pas bon ça ...
25ème km nous arrivons en haut de la plage des Soux, il faut
descendre pratiquement au niveau de la mer ... et remonter, ce passage est
casse-pattes, arrivé en haut je prends le temps de marcher un peu pour
récupérer et c'est reparti.
Je commence à sentir de légères tensions dans les mollets,
ça sent la crampe !
Je commence également à perdre en lucidité, ce qui me vaut
de buter sur un caillou et je manque de me ramasser proprement.
Le paysage est beau, mais cette portion est complètement
dégagée et donc en plein soleil, je commence à entrer dans le dur comme on dit
!
J'arrive à la chapelle de la meule vers le 28ème km et 2h35
de course, ça fait du bien de retrouver des gens, des touristes en fait, je me sens
moins seul !
Le parcours traverse la terrasse du café du port de la
meule, là les encouragements de toutes sortes fusent, « allez courage »,
« c'est bientôt la fin », « à la tienne » …
Je m'arrête quelques secondes sous un portique brumisateur
pour me rafraichir la tête, tant pis pour les légionelles !!
La sortie du port de la meule se fait par un sentier qui
remonte le long de la falaise, dur, dur !
Allez encore un petit effort à fournir avant la plage des Sabias.
Je commence à alterner course et marche à pied dans les
légères côtes ... l'arrivée est encore loin !
Je passe à proximité du vieux château vers le 31ème km, je
sais que le ravitaillement n'est plus très loin maintenant.
Après une chute une nouvelle fois évitée de justesse, j'ai
enfin en ligne de mire la plage des Sabias, j'aperçois Nath qui me fait un
signe de la main au loin. Il faut encore courir 100 mètres dans le sable pour
enfin arriver au ravito après 33km et 3h06 de course, je suis rincé, je sens
les crampes venir et j'ai le mental au plus bas.
Je prends mon ravito tranquillement, je m'asperge la tête
d'eau fraiche, je retrouve même le VH2 a priori aussi en galère, tout le monde
souffre de la chaleur.
Il faut beaucoup de détermination pour repartir et laisser
ma femme et ma fille sur la plage, je serais bien mieux avec elles à prendre du
bon temps !
Il ne faut pas se laisser envahir par ce genre de pensées,
je repars sur la cale à bateaux et donne rendez vous à ma petite famille sur la
ligne d'arrivée.
Au passage je vois mon VH2 assis à une table, il n'a pas
l'air très bien !
Maintenant il y a une longue portion sur un chemin large et
droit jusqu'à la pointe du but, la mer est d'un bleu éclatant et il y a
quelques grosses vagues, la vue est splendide, mais pourtant il faut continuer
de courir, la souffrance n'est pas finie. Maintenant j'ai de réelles crampes
dans les mollets, je dois m'arrêter un instant pour m'étirer les jambes.
Puis ce sera des crampes dans le muscle juste au-dessus des
genoux, je ne savais qu'on pouvait en avoir à cet endroit, même en marchant elles
ne disparaissent pas ... alors autant courir !
Je me fais rattraper par d'autres coureurs, puis je les
retrouve plus loin en train de marcher et vice et versa, je ne suis pas le seul
à galérer, c'est une maigre consolation, mais je me sens moins seul.
J'arrive à la pointe du but au 37ème km et 3h35 de course,
plus que 8 km !
Cela fait maintenant 2 km que je cours sans voir personne,
heureusement que le circuit est bien balisé, un instant la pensée que je me
suis peut-être trompé de chemin me traverse l’esprit, quand juste après un
virage qui vois-je en pleine galère, Sébastien qui me semblait si frais au
ravito du 23ème km, je ne l'avais pas revu jusque là. Lui aussi souffre de
crampes !
Nous marchons un peu ensemble puis je repars seul. Le
parcours passe dans un ancien terrain de cross envahi par la végétation, qui
dit terrain de cross dit forcément plein de petites bosses et de virages en
épingle.
Je fais une pause au 43ème km à un ravitaillement improvisé
par des commissaires de courses, une dame me propose de m'asperger le visage
avec un brumisateur à plantes, je leur prends un gobelet d'eau que je me verse
sur la tête, c'est plus rapide.
Je suis à 4h18 de course, je repars, plus que 2 km. 500
mètres plus loin des commissaires de courses ce sont installé une petite table
de camping et sirote tranquillement un verre de rosé bien frais, ils ont l'air
bien !
Au 44ème km je m'arrête un peu pour marcher, je me retourne
et je vois … mon VH2 accompagné d'un autre coureur !! Ca alors il a réussi à
revenir ! Chapeau !
Je reprends avec eux, mais suis obligé de les laisser
partir, les crampes me rappellent à l'ordre !
J'arrive enfin dans le bois de la citadelle, je sais que la
fin est proche, bientôt la délivrance, j'entre dans le stade, mes mollets me
font mal, je dois marcher encore un peu.
J'entre sur la piste, plus que 200 mètres et c'est la fin,
c'est à coup d'encouragements et avec les jambes tendues par les crampes que je
franchis la ligne d'arrivée en 4h33 et 31 secondes.
J'arrive 39ème sur 87 arrivants, content et surtout soulagé
d'avoir pu finir la course !
Erik Clavery quant à lui termine en 2h56 avec pratiquement
30 minutes d’avances sur le 2ème.
C’est vraiment une très belle course, très bien organisée, à
faire et à refaire … avec un peu d’entrainement !
A l’année prochaine !