Marathon de Nantes - 21 avril 2013

Lundi 15 avril

Objectif pour le marathon de Nantes: 3h15 soit 13km/h.
Je viens de terminer la séance qui clôture l'entraînement pour le marathon de Nantes.
Footing d'1h20 avec 20 minutes à allure marathon.
Une sortie assez facile comparé à celles qui ont précédé, pourtant dès les premiers kilomètres j'ai ressenti un point de coté à droite à peu près au niveau du foie.
Ça fait une semaine que je traîne cette douleur, c'est vraiment handicapant puisque qu'a chaque fois que cela se produit, le seul moyen pour que ça aille mieux est de ralentir et d'appuyer sur la zone douloureuse.
Autant dire que si ça arrive sur le marathon, ce sera difficile de tenir un objectif.
Pourtant je fais attention de ne pas charger l'estomac avant de courir, ou de ne pas partir trop vite mais rien n'y fait!
Allez, une petite semaine de repos complet permettra certainement de soigner tous les petits bobos y compris celui-ci.



Dimanche 21 avril

Cette fois nous y sommes, c'est l'aboutissement de 3 mois d'entraînement à 4 sorties par semaines.
C'est le jour où il faut prouver que ces séances (assez dures pour certaines) n'ont pas été réalisées pour rien.
Lever à 5h45 pour prendre l'ultime petit déjeuner 3 heures avant le départ.
Ce matin ce sera un petit café et quelques petit beurre.
Anthony et moi avons rendez vous Malville à 7h30 ou Grégory nous attend pour un co-voiturage vers Nantes.
Ce matin il fait très frais, il y a de la gelée sur les pares brises des voitures, le ciel est dégagé et le vent est quasi nul, la météo idéale!
J'ai choisi de revêtir une combinaison en papier, cela m'évitera de prendre un départ "a froid" et tant pis si je suis ridicule...ce qui m'inquiète le plus c'est ce point de coté à droite toujours au niveau du foie, qui ne me lâche pas depuis presque deux semaines, même au repos je ressens une gêne à cet endroit...et si ce point de coté apparaissait dès les premiers kilomètres...impossible de courir un marathon dans ces conditions...3 mois de gâchés...
Nous nous garons dans le parking sous-terrain du CHU de Nantes (c'est là que Grégory travaille), la pression monte d'un cran, nous sommes à moins d'une heure du départ.
Nous nous dirigeons en footing lent jusqu'au lieu de départ (environ un kilomètre), le point de coté tant redouté commence à montrer le bout de son nez, cette fois j'en suis sur ça va être un problème très rapidement !
Nous remontons en marchant les sas de départ, élite, moins de 3 heures, 3heures, 3h15, 3h30, 3h45...
Anthony et moi serons dans le sas des 3H15 tandis que Grégory partira dans celui des 3h30.
Départ dans 45 minutes, je suis très inquiet, je dois en avoir le cœur net et tester l'allure marathon tout de suite: le verdict est sans appel, dès que je prend de la vitesse,la douleur apparaît. J'arrive à la faire disparaître en appuyant fortement dessus, je reprend mon footing et "au miracle" on dirait que c'est passé !
Plus que 30 minutes, les sas commencent à se remplir, nous décidons d'y prendre place, il est temps d'enlever et de jeter la combinaison papier, les deux épaisseurs de tee-shirt ainsi qu'une vieille paire de gants que j'avais gardé pour l'occasion.
Ce matin, je cours avec les couleurs du marathon de Venise et mes Boston 3.
Les meneurs d'allures sont également en place, pour 3h15 il faudra suivre les oriflammes rouges.
Plus que 15 minutes, je commence à rentrer dans ma bulle, certains on l'air très concentrés, d'autres rigolent nerveusement, on parle bien sur des évènements du marathon de Boston, pendant ce temps un speaker nous livre ses dernières informations sur l'organisation de la course, le tout sur un air de musique bretonne.
La pression monte, chacun vérifie son GPS pour être sur que tout est OK, ça sent le baume chauffant, la transpiration, l'adrénaline ,si tant est quelle ait une odeur,...PAN c'est parti, ce moment est un peu magique, l'angoisse de l'attente disparaît totalement pour laisser la place au plaisir, c'est la récompense de toutes ces séances d'entraînements passées sous la pluie, le froid, le vent. Ce court moment du départ, c'est que du bonheur!
Je déclenche mon chrono dès que je franchi la ligne de départ, et c'est parti pour 42 kilomètres et 195 mètres.
On a coutume de dire qu'un marathon c'est 30 kilomètres de patience et 12 kilomètres de course donc le maître mot c'est, doucement, ne pas s'enflammer au départ, ne pas se laisser entraîner par l'excitation.
Il y a des spectateurs de pars et d'autres de la route qui est en légère descente, c'est grisant, il y a vraiment de quoi partir trop vite, attention!
D'autant que les meneurs d'allures 3h15 sont parti comme des balles, beaucoup de coureurs sont d'ailleurs surpris, heureusement que beaucoup sont équipés de leur propre GPS, en revanche ceux qui décideront de suivre les oriflammes risquent de payer le prix cher.
Nous descendons les 50 otages, puis nous passons devant le CHU, il y a beaucoup de monde et un beau soleil, c'est une belle journée pour un marathon.
Je trouve rapidement mon rythme, 13 km/h, j'ai une légère avance sur mon partenaire virtuel donc tout va bien.
En général je garde toujours une petite avance pour pouvoir prendre mes ravitaillements en douceur sans mettre mon objectif en péril.
Au kilomètre 2 nous croisons les premiers un peu en contre bas.
C'est toujours impressionnant, ils ont une foulée tellement fluide qu'on pourrait croire qu'il est facile de courir à cette vitesse!
Anthony prend également rapidement son rythme et ne tarde pas à me distancer doucement mais sûrement.
Malheureusement le point de coté vient noircir le tableau, j'appuie rapidement sur la douleur avant qu'elle ne prenne le dessus et finalement elle disparaît, ou plutôt elle se rendort...
Nous arrivons place royale vers le 4ème kilomètre et surprise j'aperçois Nath et Rachel, j'en profite rapidement pour laisser la clef de voiture à ma chérie, que je portais jusque là autour du cou.
Je prends rapidement un gobelet d'eau au ravitaillement du 5ème (il n'y a pas de bouteille!), nous voyons toujours les meneurs d'allures s'éloigner de plus en plus alors que mon GPS me dit que j'ai une légère avance, ils sont vraiment trop rapides.
Les critiques à leur sujet fusent de la part des coureurs qui ont 3h15 pour objectif, c'est du grand n'importe quoi!
Je vais devoir m'arrêter pour une pause pipi, je profite d'une route bordée d'un mur et d'arbres, je repars, regarde ma montre, OK je suis toujours dans les temps, je reprends mon allure.
Pour le moment les kilomètres défilent tranquillement, nous sommes encore frais, à ce stade de la course on peut encore se permettre de discuter un peu, de regarder le paysage, de profiter des encouragements, les légères cotes se digèrent facilement sans laisser de traces, heureusement les plus grosses difficultés du parcours sont situées entre le 1er et le 11ème kilomètres.
Vers le 10ème kilomètres nous entrons dans le jardin des plantes, c'est en légère montée mais assez agréable car ombragé.
Le ravitaillement est placé juste avant la sortie de ce parc, je prends un tube de gel, un bon verre d'eau et c'est reparti.
Prochain ravitaillement sucré au kilomètre 20, j'ai pris 4 tubes avec moi, un pour chaque dizaine.
Il y a un petit effet psychologique, il me reste 3 tubes dans les mains, il me reste donc au moins 30 kilomètres à parcourir et je ferai ce décompte jusqu'à la fin.
Nous descendons de nouveau le cours des 50 otages et c'est à cet endroit vers le 12ème kilomètre que je retrouve Nath et Rachel, pour le moment tout va bien, je suis frais, pas de douleur et j'ai un peu d'avance sur mon temps.
Cette fois ce sont les coureurs des foulées de l'éléphant que nous avons près de nous en contre bas, les organisateurs se sont vraiment cassé la tête pour les circuits !
De plus certains font le marathon en relais, ils sont reconnaissable avec leur dossard dans le dos, cela évite d'être surpris lorsque l'on se fait doubler rapidement par un coureur.
Jusqu'ici j'arrive à garder mon allure sans avoir l'impression de forcer mais cette fois c'est un point de coté dans le bas du ventre à droite qui me tombe dessus, je m'empresse d'appuyer dessus et m'efforce de ne pas trop ralentir.
Sur un marathon chaque personne aura une petite difficulté à gérer, que ce soit physique ou mental, pour moi ce sera les points de coté !
Nous traversons le canal Saint Félix, ce pont n'est pas une grosse difficulté mais nous y repasserons peu après le 31ème et là ce sera différent!
Le ravitaillement suivant arrive au 14ème kilomètre je prend un verre d'eau rapide, je suis toujours dans ma course, plus de douleur tout va bien.
Puis nous traversons la Loire vers le 16ème.
Nous la retraversons vers le 18ème, tout à l'heure ce pont sera au 34ème, j'ai déjà hâte d'y être, je me demande dans quel état je serai à ce moment là...
On retraverse la Loire peu avant le 20 ème, direction Trentemoult pour une boucle de 5 km. Sur le pont je croise la première féminine, elle a donc 5 kilomètres d'avance sur moi.
Je prends mon deuxième gel pour le ravitaillement du 20ème, les sensations sont toujours bonnes, peut être un peu moins lucide mais ça va.
Je passe au semi en 1h37 et 23 secondes, pile poil pour un marathon en 3h15.
Tout le parcours sur Trentemoult est assez pénible, nous faisons  le tour d'une grosse zone commerciale, il n'y a pas beaucoup de spectateurs on se sent un peu seul à cet endroit.
Rapidement c'est un point de coté au ventre à gauche qui arrive, ça faisait longtemps, pendant que je gère cette situation au moins je ne pense pas à autre chose!
On repasse le pont pour sortir de Trentemoult direction les machines de l'île.
J'ai toujours une petite avance sur mon partenaire virtuelle, ce qui me permet de ralentir pour boire un bon verre d'eau au ravitaillement du 25ème.
La portion entre le hangar à bananes et les machines de l'île est un peu moins roulante, il y a des pavés, une alternance de bitume et de terre. Je commence à voir des coureurs marcher, certains sont déjà dans le "dur", la fin sera pénible pour eux!
On quitte l'île par le pont vers le 27ème kilomètre, c'est une belle bosse qui fera mal au second passage.
En haut de ce pont je vois Thomas et Floriane, ils sont venus encourager leur ami Mathieu, Thomas me lance un: "vas y Franck, Mathieu est devant toi !"
Un peu plus loin toujours sur la place Royale je retrouve Nath et Rachel, je leur donne une petite tape dans les mains et je file vers le prochain ravitaillement, au passage j'ai toujours un petit point de coté, mais c'est presque devenu quelque chose de banale.
Nous revoici dans la descente des 50 otages, dernière nous les applaudissements deviennent plus important, bientôt les voitures de l'organisation nous doublent et nous demandent de courir sur le coté pour laisser passer les élites.
Je dois avouer que coté organisation c'est n'est pas terrible, ça nous oblige à courir à la queue le leu et de ce fait de modifier notre allure, sur un marathon je trouve ça vraiment moyen !
Et donc c'est un éthiopien qui nous double et a priori il est seul, nous ne verrons pas le deuxième.
Un peu avant le 30ème kilomètre je croise Ludo ou plutôt j'entends un "allez Franck", il m'a dit quelques jours plus tôt qu'il s'était inscrit sur le 10km.
500 mètres plus loin j'entends encore "Allez Franck vas-y c'est bon! Anthony est devant..." c'est Dominique, il est venu pour nous encourager, c'est une bonne surprise !
Il fait quelques foulées à mes cotés et me laisse partir, j'entends derrière moi: "on se retrouve à l'arrivée..."
Ravitaillement du 30ème, je prends un gel, maintenant il ne m'en reste qu'un seul en main.
30 kilomètres c'est un cap, on parle souvent du mur des 30 kilomètres, pour le moment ça va toujours même si j'ai perdu beaucoup de lucidité, je ne fais plus attention aux spectateurs, j'ai chaud, je ne suis plus dans la course plaisir, je n'ai qu'une envie c'est finir le marathon, mais pas de mur pour le moment.
Comme prévue nous retraversons la Loire vers le 31ème kilomètre, cette fois le pont semble bien plus difficile à monter, allez plus que 11 kilomètres.
J'ai perdu un peu de temps mais je suis toujours dans l'objectif, puis comme au tour précédent nous enchaînons un second pont un kilomètre plus loin.
kilomètre 33, j'ai perdu à peu près toute l'avance que j'avais réussi à conserver jusque là, ce n'est pas bon signe!
kilomètre 34 malgré une portion de plat je prends conscience que ma vitesse a diminué et je suis incapable de relancer, il suffirait juste d'allonger la foulée mais je ne peux pas, ou ma tête ne le veux pas, je suis bel et bien en train de perdre mon objectif !
Ravitaillement vers le kilomètre 36, je prends deux verres d'eau en marchant, c'est vraiment bon de marcher mais je ne suis pas là pour ça, il faut repartir, je me suis entraîner pendant 3 mois, je relance la machine et reprend mon allure marathon, ça y est je suis dans la galère, plus (ou encore) que 6 kilomètres!
Nous repassons devant le hangar à bananes, puis les machines de l'île et là surprise, Anthony est sur le coté, il m'attend, lui aussi est dans la galère, il souffre de crampes, nous sommes au kilomètre 38.
Nous marchons 5 secondes ensemble et nous repartons, à deux ce sera peut être moins pénible.
Vers le 39ème Anthony s'arrête de nouveau, je continu sans lui malgré mes encouragements, 200m plus loin je croise Franck qui m'encourage et me dit que c'est bon que je suis sur une base de 3h20, je lui fait un signe de la main et continu mon chemin de croix vers la place Royale.
Peu avant le 40ème c'est à mon tour de m'arrêter pour marcher quelques secondes et j'ai la bonne surprise de voir qu'Anthony est juste derrière moi, nous repartons de nouveau ensemble.
Dernier ravitaillement, dernier tube de gel avant la ligne d'arrivée, la délivrance dans un peu plus de deux kilomètres.
Deux kilomètres en entraînement ce n'est rien du tout, environ 9 minutes, mais là ça me parait interminable!
Vers le 41ème Anthony reprend un rythme supérieur au mien et je me retrouve de nouveau tout seul, je n'arrive pas à l'accrocher!
Je remarche quelques secondes et un type me dit: "allez Franck, ne t'arrête pas il ne reste qu'un kilomètre!"




Je reprends ma foulée et entre dans l'avant dernière ligne droite, il y a des spectateurs des deux cotés de la route tout le monde cris, j'entends plusieurs fois mon prénom de la bouche d'inconnus (et oui les prénom sont écris sur les dossards!) puis je retrouve Dominique sur ma droite, un peu plus loin sur ma gauche c'est Thomas et Floriane puis enfin Nath et Rachel, ces encouragements font vraiment du bien.

Dernier virage à gauche puis dernière ligne droite, les 100 derniers mètres, c'est un court moment de pure bonheur, exactement comme celui du départ (sur 42 km ça fait seulement 200m de plaisir!) et une arrivée sur un tapis rouge en exactement 3h20 et 27 secondes à ma montre pour une distance de 42,775 km.
A priori je n'ai pas pris le trajet le plus court...


Anthony est arrivé 1 minute devant moi, Grégory a bouclé le marathon en 3h46, il a du souffrir aussi !
Quant à Mathieu, j'ai su un peu plus tard qu'il m'a doublé vers le 41 ème kilomètre au moment où je me suis arrêter pour marcher, il s'est retourné et a vu mon numéro de dossard (il ne connaissait que ça de moi), ça l'a motivé et à tout fait pour rester devant moi et finalement il fini 27 secondes devant moi.
Mon objectif de 3h15 n'est pas atteint, mais je suis quand même satisfait puisque je bats mon record sur l'épreuve d'à peu près 8 minutes.